Depuis quelques années, l’art vietnamien connaît un véritable succès dans les salles des ventes. A l’heure où les enchères s’envolent, retour sur cet engouement inédit dans cet avant-dernier volet dédié à l’Ecole d’Hanoï. Mai Thu, Vu Cao Dam et Lé Phô sont considérés comme les pionniers de l’art moderne vietnamien, chefs de file d’une nouvelle génération d’artistes alliant traditions ancestrales et modernité occidentale.
Mai Trung Thu (1906-1980)
Né en 1906 près d’Haïphong dans le nord du Vietnam – alors protectorat du Tonkin de l’Indochine Française -, Mai Trung Thu grandit au sein d’un milieu aisé. Elève au lycée français d’Hanoï, il assiste aux profonds bouleversements que connaît son pays sous l’impulsion du gouvernement colonial français qui mène d’importantes mesures de modernisations.
En 1925, il intègre la première promotion de l’histoire de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine (EBAI) dirigée par Victor Tardieu. Après avoir obtenu son diplôme en 1930, Mai Thu devient professeur de dessin dans un lycée de Hué jusqu’en 1937. A cette date, et accompagné de deux de ses camarades de promotion Le Pho et Vu Cao Dam, il se rend en France pour l’Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris. Sous le charme de la capitale, il décide de s’installer définitivement en France. Très attaché à son pays natal et afin d’être considéré comme peintre asiatique, Mai Thu délaisse progressivement la peinture à l’huile au profit d’une technique traditionnelle vietnamienne : la peinture sur soie.
Très fier de ses origines, Mai Thu dépeint un Vietnam idéal et immuable. Au cours de sa carrière, il ne réalise que très peu de grandes compositions car il estime qu’elles sont trop chronophages et onéreuses. Il réalise au contraire une multitude de petites peintures sur soie encadrées à la manière asiatique ainsi que de nombreuses lithographies et impressions.
Vu Cao Dam (1908-2000)
Né à Hanoï en 1908, Vu Cao Dam est issu d’un milieu aisé, lettré et francophile. Son père, grand érudit, maîtrisant parfaitement la langue française, lui transmet cet héritage culturel qui aura un impact considérable sur son avenir. Vu Cao Dam fait partie de la 2e promotion de l’École supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine (1926-1931). Au cours de ses études, il rencontre des futurs grands noms de l’art vietnamien comme Mai Thu et Le Pho dont il restera très proche tout au long de sa vie. Si ses recherches, à ses débuts, se concentrent essentiellement sur la sculpture, il se tournera ensuite vers la peinture, principalement sur soie. En 1931, il participe à l’Exposition Coloniale Internationale de Paris. L’année suivante, il obtient une bourse d’étude lui permettant de s’installer définitivement en France. A Paris, il s’inspire des grands maîtres passés et contemporains tant en sculpture qu’en peinture. Délaissant progressivement la sculpture au profit de la peinture, les influences françaises sont de plus en plus visibles dans ses œuvres. Vu Cao Dam peint principalement des portraits et des scènes de genre. Les figures, majoritairement féminines, sont longilignes et mises en valeur par des couleurs à la fois franches et nuancées.
Peintre à succès, Vu Cao Dam participe à des nombreuses expositions en France, mais aussi ailleurs en Europe et aux Etats-Unis. Sa renommée internationale lui assure une très belle réussite.
Vu Cao Dam est aujourd’hui considérés comme l’un des plus grands artistes vietnamiens de son temps et ses œuvres ont intégré les collections des plus grands musées du monde.
Lé Phô
Le Pho, né en 1907 près d’Hanoï, est le fils du vice-roi du Tonkin. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse au dessin et à la peinture. C’est donc tout naturellement qu’il intègre la 1ère promotion de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts (EBAI) en 1925. Très vite le directeur de l’école, Victor Tardieu le repère et en 1931, à l’occasion de l’Exposition Coloniale de Paris, il lui demande d’être son assistant. Ce dernier considérera d’ailleurs Le Pho comme « l’un des plus brillants artistes qu’ait produit l’Ecole ». Au cours de ce voyage où il visite la France mais aussi l’Italie, les Pays Bas etc, Le Pho perfectionne ses connaissances sur l’histoire de l’art occidentale. Dès son retour au Vietnam l’année suivante, il souhaite mettre son expérience au service des élèves de l’EBAI et devient professeur.
En 1937, alors qu’il est nommé directeur de la section indochinoise à l’Exposition universelle de Paris, il décide de s’installer définitivement en France. Progressivement, et sous l’influence des impressionnistes notamment, l’artiste se détache des techniques ancestrales de la peinture sur soie au profit de la peinture à l’huile. De même les portraits, principalement féminins, cèdent progressivement leur place à des scènes de genre célébrant la nature. Grâce à ses œuvres de très grande qualité, résolument modernes, Lé Phô connaît une renommée internationale de son vivant.