La famille verte succède à la célèbre porcelaine en « bleu et blanc » et désigne un style de porcelaine chinoise bien spécifique. Massivement produites et exportées vers l’Europe sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1730), les porcelaines chinoises dites « Famille verte » se caractérisent par leur grande diversité de couleurs et de décors.
Comment reconnaître la porcelaine de la famille verte ?
L’expression « Famille verte », inventée par Albert Jacquemart (1808-1875) dans Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine, désigne un type de porcelaine chinoise caractérisée par une prédominance d’émaux dans les tons verts issus de l’oxyde de fer.
Pour mettre en valeur ces magnifiques camaïeux de vert, les artistes chinois déposent en touches plus discrètes d’autres couleurs comme le jaune, le bleu, le violet, le rouge ou encore l’or.
Deux raisons peuvent expliquer l’apparition de ce type de porcelaine :
- L’application de la couleur verte sur de la porcelaine relève d’une belle prouesse technique que les céramistes chinois ont à coeur de mettre en valeur.
- L’iconographie chinoise, de laquelle les décors sont inspirés, accorde une importance majeure aux motifs végétaux. En ce sens, les émaux verts sont d’une grande utilité.
Comment sont fabriquées les porcelaines « Famille verte » ?
Les porcelaines de la « Famille verte » sont réalisées « sur couverte ». En effet, les émaux verts ne résistant pas à une chaleur trop élevée, les pièces sont d’abord enduites d’un émail protecteur avant de subir une première cuisson de grand feu à plus de 1400°. Les décors sont ensuite apposés et fixés par une cuisson dite de « petit feu » à 800°.
La première étape de fabrication était généralement exécutée dans les fours de Jingdezhen (province de Jiangxi – Sud-Est de la Chine) avant que les pièces ne soient acheminées à Canton, décorées par des peintres locaux et exportées vers l’Europe principalement.
L’âge d’or des porcelaines « Famille verte »
Sous la dynastie des Qing (1644 à 1911), la porcelaine connaît de nombreuses évolutions techniques et artistiques. En effet, la dynastie et plus particulièrement les empereurs Kangxi (1662-1723), Yongzheng et Qianlong encourageront ces avancées et participeront indéniablement à la création de porcelaines extraordinaires.
Avec plus de 8 nuances de vert, la porcelaine « Famille verte » connaît son âge d’or sous le règne de Kangxi. Les porcelaines de cette époque sont souvent identifiables grâce aux marques apocryphes apposées. De manière générale, les marques apocryphes sont d’une grande utilité pour l’expertise et l’estimation des porcelaines chinoises anciennes car elles donnent des informations sur la date de création, l’origine, mais aussi l’usage auxquelles elles étaient destinées.
Des porcelaines pour l’exportation
Les fours impériaux de la ville de Jingdezhen produisaient à la fois pour la Cour, mais aussi pour l’Europe. Il n’était alors pas rare de retrouver des porcelaines à la forme et aux motifs légèrement occidentalisés. Personnages en costumes occidentaux, lettres en latin et même armoiries pouvaient être subtilement introduits dans les décors pour satisfaire cette clientèle européenne.
Pourtant, les céramistes chinois se révèleront toujours très fidèles à l’iconographie traditionnelle. Ainsi, si les formes des porcelaines ont pu être occidentalisées et certains motifs légèrement européanisés, les décors principaux sont toujours issus de l’iconographie chinoise.
L’expression « Famille verte » désigne une production brève mais particulièrement riche dans l’histoire de la céramique chinoise. Rapidement remplacée par les célèbres porcelaines de la famille rose (Lire l’article : La porcelaine chinoise Famille rose), elles sont aujourd’hui très recherchées sur le marché florissant des porcelaines chinoises anciennes.