Depuis quelques années, l’art vietnamien connaît un véritable succès dans les salles des ventes. A l’heure où les enchères s’envolent, retour sur cet engouement inédit.
A l’origine, une école
La création de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de l’Indochine (EBAI) marque un véritable tournant dans l’histoire de l’art vietnamienne.
La création de l’EBAI est essentiellement liée à la rencontre de deux hommes : Victor Tardieu (1870-1937), peintre académique français, et Nam So’n (1890-1970), artiste vietnamien autodidacte.
Lauréat en 1920 du prix d’Indochine(1) organisé par la Société Coloniale des Artistes Français(2), Victor Tardieu reçoit une bourse pour partir un an au Vietnam. A Hanoï, alors qu’il est chargé de réaliser un immense décor pour l’amphithéâtre de la future université de la ville, il rencontre Nam So’n(3). Les deux hommes, impressionnés par le talent des jeunes artistes vietnamiens, réalisent l’importance de créer la première école des beaux-arts d’Indochine. Le gouvernement colonial français, conforté par le succès de l’Ecole nationale d’Alger(4) et de l’Ecole des Beaux-arts de Tunis(5), soutient le projet. C’est ainsi que l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine (EBAI) ouvre ses portes à Hanoï en 1925.
Sur le modèle de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, la formation de l’EBAI dure 5 ans. Le dessin académique, la perspective, le modelage, la composition selon les codes occidentaux ainsi que l’histoire de l’art et l’archéologie y sont enseignés. En parallèle, des conférences sont organisées afin d’améliorer la culture générale des futurs diplômés et d’encourager leur curiosité.
Soucieux de proposer un parcours d’excellence, Victor Tardieu, premier directeur de l’EBAI, sollicite les lauréats du prix d’Indochine pour enseigner le dessin et la peinture à ses élèves. Afin de renforcer le prestige de l’école et assurer un bel avenir aux futurs diplômés, le nombre d’élèves sélectionné est limité. En ce sens, la première promotion de l’histoire de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine ne compte que six élèves dont les célèbres Mai Thu et Lé Phô.
L’EBAI a pour vocation d’accueillir tous les étudiants de l’Indochine française souhaitant s’orienter vers les métiers des beaux-arts, en réalité la majorité d’entre eux vient d’Hanoï et du Tonkin.
Si les enseignements sont principalement occidentaux, Victor Tardieu et Nam So’n, souhaitent également enseigner à leurs élèves les techniques extrêmes orientales comme la peinture sur soie ou sur laque. L’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de l’Indochine formera de nombreux artistes vietnamiens de renom au style caractéristique, entre tradition et modernité.
- A cette époque, tous les lauréats des prix coloniaux recevaient une bourse leur permettant d’effectuer un voyage d’étude. En contrepartie, ils étaient souvent chargés de réaliser sur place une œuvre en l’honneur de la France.
- La Société des Artistes Français voit le jour en 1909. De nombreux prix offrant une bourse de voyage sont associés à ses expositions.
- Victor Tardieu, à la recherche de modèle pour exécuter sa commande, sollicite l’aide de Paul Monet (directeur du Foyer des étudiants annamites). C’est à cette occasion, qu’il rencontre Nam So’n.
- L’Ecole supérieure des Beaux-Arts d’Alger (ESBA) a été créée en 1843
- L’Ecole des Beaux Arts de Tunis a été fondée en 1923