Henri Le Sidaner est un peintre post impressionniste français majeur. Facilement identifiables, reflets d’un mariage réussi entre impressionnisme et symbolisme, ses scènes de genre réalistes et intimistes illustrent souvent la beauté et la poésie d’un coin de jardin, d’un paysage urbain. Retour sur la vie et l’oeuvre de l’un des peintres intimistes les plus importants de son temps.
De l’île Maurice à Paris
Henri Le Sidaner naît à Port-Louis (île Maurice) le 7 août 1862. Dix ans plus tard, la famille revient s’installer en France et plus précisément à Dunkerque. Sa mère, sensible à l’art, encourage ses enfants à suivre des enseignements artistiques et c’est ainsi qu’Henri Le Sidaner commence, dès son plus jeune âge, à prendre des cours de dessin.
En 1880, Henri Le Sidaner part étudier à Paris. Il découvre le réalisme de Manet et est confronté à l’une des révolutions picturales les importantes de son temps : l’impressionnisme.
En 1882, il entre à l’Ecole nationale des Beaux-Arts et intègre l’atelier d’Alexandre Cabanel, peintre en vogue du moment et particulièrement réputé pour ses qualités de pédagogue. A cette époque, il se lie d’amitié avec les plus grands artistes de son temps comme Henri Martin, Claude Monet, Edouard Manet, Alphonse Chigot…
Etaples ou la période du réalisme sentimental
Déçu par les enseignements de l’Ecole nationale des Beaux-Arts, Henri Le Sidaner quitte Paris pour s’installer à Etaples, petite commune de la côte d’Opale proche du Touquet.
A la fin du XIXe siècle, de nombreux peintres et sculpteurs s’installeront à Etaples donnant ainsi naissance à ce que l’on a parfois qualifié d’« Ecole des peintres d’Etaples » ou « Colonie artistique d’Etaples ». Henri Le Sidaner devient l’un des chefs de fil de ce mouvement post impressionniste éclectique.
A Etaples, les tableaux d’Henri Le Sidaner s’inscrivent plutôt dans une veine réaliste. A l’image de cette toile, les oeuvres de cette période sont empreintes de réalisme sentimental.
En 1894, Henri Le Sidaner rentre à Paris où il est progressivement influencé par l’impressionnisme et le symbolisme.
Vers le symbolisme
De retour dans la Capitale, Henri Le Sidaner côtoie des cercles d’artistes et intellectuels proches du symbolisme comme les poètes Émile Verhaeren (1855-1916) et Georges Rodenbach (1855-1898) ou le critique d’art et écrivain Camille Mauclair (1872-1946). Son style s’oriente davantage vers le symbolisme et il réalise ses premières scènes de paysages nocturnes ou au crépuscule lui offrant la possibilité d’étudier les effets de lumières.
De 1898 à 1900, l’artiste réside à Bruges. Ce séjour marque un véritable tournant dans sa carrière. Il y adopte une peinture intimiste et poétique, alliant symbolisme et impressionnisme qui deviendra sa marque de fabrique et fera sa réputation.
Gerberoy, un havre de paix
En 1901, Henri Le Sidaner découvre Gerberoy dans l’Oise. Sous le charme, et encouragé par son ami Auguste Rodin, il y acquiert, un plus tard, une maison. Gerberoy deviendra pour Henri Le Sidaner l’équivalent de ce que représentait Giverny pour Claude Monet : source d’inspiration inépuisable, l’artiste accordera une importance majeure à l’aménagement des espaces extérieurs.
Au total, ce sont plus d’une centaine d’oeuvres qui seront consacrées à cet havre de paix. Ses toiles illustrant des tables dressées dans son jardin de Gerberoy ou à l’intérieur d’une pièce ont forgé sa réputation et contribué à son succès.
Un peintre à succès
Henri Le Sidaner connait un succès fulgurant en France, mais aussi à l’étranger et plus précisément dans les pays anglo-saxons. Ses oeuvres sont présentées dans les plus grands salons et expositions internationales : à Barcelone, Prague, Budapest, Venise, mais aussi aux Etats Unis. Il reçoit de nombreuses distinctions : il est notamment fait Officier de Légion d’honneur en 1914, Membre associé de l’Académie Royale de Belgique en 1929, etc.
Henri Le Sidaner aux enchères
Deux chefs d’oeuvres d’Henri Le Sidaner seront présentés par Primardeco lors de sa prochaine vente aux enchères. Ces toiles révèlent son talent et son incroyable capacité à jouer sur les effets de lumières.
On retrouve dans ces toiles les principaux marqueurs de l’art d’Henri Le Sidaner. À partir de 1900, Henri Le Sidaner se consacre à une peinture intimiste excluant la figure humaine au profit de paysages ou jardins déserts emprunts de poésie et de douceur. Il affectionnera particulièrement les paysages urbains nocturnes ou au crépuscule à l’image de cette toile représentant les volets clos d’une maison à Gerberoy, son havre de paix.
L’analyse des effets de lumière dans un paysage, principalement urbain, est le fil conducteur de son oeuvre. Comme le révèle cette oeuvre vendue aux enchères « Nocturne, fenêtre éclairée », Henri Le Sidaner parvient à allier avec brillo des petites touches impressionnistes à l’atmosphère des peintres et poètes symbolistes.
Un peintre qui a la cote
Oublié pendant un temps, il est redécouvert à la fin du XXe siècle grâce aux collectionneurs anglo-saxons particulièrement friands de son travail. Aujourd’hui, Henri Le Sidaner fait partie des artistes de la fin du XIXe siècle qui ont la cote sur le marché de l’art. Ses toiles peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros lors des ventes aux enchères et nombre d’entre elles sont conservées dans les plus grands musées à travers le monde.
L’oeuvre d’Henri Le Sidaner est à la croisée des grands courants picturaux de la fin du XIXe siècle : réalisme, impressionnisme, divisionnisme et symbolisme. Après une période réaliste à Etaples, Henri Le Sidaner est influencé par le symbolisme alors particulièrement en vogue dans les cercles artistiques et intellectuels de la capitale.
Henri Le Sidaner fait partie des grands peintres intimistes de la Belle Epoque et des Années folles qui ont su créer un art somptueux qui célèbre la nature, souligne la douceur d’un silence, des brumes et des crépuscules.