Après Achille Laugé, partons à la rencontre d’un autre grand peintre de la région toulousaine : Henri Martin.
Des débuts toulousains
Né le 5 août 1860 à Toulouse, d’un père ébéniste et d’une mère ménagère, Henri Martin s’intéresse dès son plus jeune âge au monde des arts.
En 1877, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse. Doté de qualités indéniables, il reçoit seulement deux ans plus tard une bourse municipale lui permettant de poursuivre sa formation à Paris. Il parfait alors son apprentissage dans l’atelier du peintre et sculpteur toulousain Jean Paul Laurens.
En 1881, il épouse une talentueuse pastelliste Marie Charlotte Barabroux qui lui servira fréquemment de modèle et avec qui il aura quatre fils dont deux suivront ses pas.
Le voyage en Italie, un grand tournant
En 1885, il obtient une bourse de voyage lui permettant de se rendre en Italie. Ce séjour est à l’origine d’un véritable tournant dans sa carrière.
Parti à la découverte des Primitifs italiens, Henri Martin rentre de ce voyage profondément bouleversé et fait considérablement évoluer son art. Il se détache progressivement des techniques académiques au profit d’un style influencé par le divisionnisme et le symbolisme de ses prédécesseurs (George Seurat, Puvis de Chavanne, Jean Paul Laurens). Une parfaite maitrise technique lui permet de rendre sa touche plus personnelle, libre et légère. Grâce à une juxtaposition de touches de couleur courtes, séparées et parallèles Henri Martin parvient à retranscrire dans ses oeuvres de manière grandiose une atmosphère poétique, énigmatique et symbolique.
Lecteur assidu de Poe, Dante, Byron, Baudelaire et Verlaine, l’artiste peint également des œuvres symbolistes et oniriques dans lesquelles des figures mélancoliques et intemporelles se fondent dans des paysages brumeux.
Les commandes officielles
Brillant portraitiste, de nombreuses personnalités lui commandent des oeuvres à l’instar de Sadi Carnot.
Henri Martin doit surtout sa reconnaissance à plusieurs commandes officielles. Il réalise d’importants décors pour le Capitole à Toulouse, La Sorbonne, l’Elysée (1908), le Conseil d’Etat (1914-1922) à Paris ou encore la Préfecture à Cahors.
Naître à Toulouse est une chance, y avoir vingt ans un talisman dira-t-il. Très attaché à sa ville natale, Henri Martin y laissera une trace indélébile. En effet, l’un des salons du Capitole « la salle Henri Martin » est ornée, comme son nom l’indique, de 10 peintures monumentales de l’artiste. Petit joyau du patrimoine toulousain, cet espace est actuellement en rénovation.
Retour aux sources
En 1900, le peintre achète une résidence secondaire dans sa région natale : le domaine de Marquayrol à Labastide-du-Vert dans le Lot. Pendant plus de quarante ans, il y passera de nombreux séjours et y puisera son inspiration.
A la fin de sa vie, Henri Martin s’installe définitivement au domaine et délaisse alors progressivement le symbolisme au profit de compositions plus réalistes célébrant la beauté des paysages de la région.
Sensible à la lumière, Henri Martin y consacre une grande partie de ses recherches. Les lumières changeantes du Quercy au fil des saisons deviennent alors ses sujets de prédilection. L’atmosphère emprunte de douceur, de poésie et de mystère qui se dégage de ses toiles oniriques en fait l’un des plus grands paysagistes de son temps.
Cette oeuvre « Vue de Puy-l’Evêque » adjugée 75 000€ illustre tout le talent de l’artiste dans le traitement de la lumière.
Située à quelques kilomètres de Labastide-du-Vert, la ville de Puy-l’Évêque surplombe le cours du Lot et le séduit. Il y voit la possibilité de représenter le reflet des façades dans l’eau. Sa touche très fine fait vibrer la lumière et les jeux harmonieux des tonalités jaunes, orangées et bleutées rythment la composition.
Cette toile rappelle les compositions de Monet et illustre l’affection d’Henri Martin pour ce magnifique motif impressionniste.
En 1914, il est nommé commandeur de la Légion d’honneur et en 1917, il est élu membre titulaire de l’Académie des beaux-arts (section peinture).
Il s’éteint le 12 novembre 1943 à Labastide-du-Vert.
Actuellement Henri Martin est très recherché par les collectionneurs. Sa cote est élevée et ses oeuvres présentées sur le marché des enchères sont toujours à l’origine de beaux résultats. Pour en savoir plus : Henri Martin aux enchères.
