Fréquemment vendues aux enchères, les figurines en porcelaine signées ROBJ remportent toujours un franc succès. Entre élégance, modernité et originalité, elles séduisent encore aujourd’hui collectionneurs et amateurs du monde entier. Retour sur l’histoire de cette grande maison du XXème siècle à la success story fulgurante.
L’origine de la maison ROBJ
En 1908, l’entrepreneur Jean Born fonde la maison ROBJ et produit essentiellement des allumeurs électriques, des brûle-parfums et divers bibelots. En 1922, et suite au tragique décès de Jean Born, Lucien Willemetz, alors simple actionnaire de la société, reprend les rênes de la maison Robj. Sous sa direction, l’entreprise prend un tout autre tournant et commence son ascension.
DES DEBUTS EN FANFARE
En 1925, lors de l’exposition des Arts décoratifs, la maison obtient une médaille de bronze et commence à se faire connaître. A cette époque, Robj fabrique essentiellement des bibelots humoristiques et utilitaires inspirés du cubisme.
En 1928, Lucien Willemetz à l’idée de fabriquer des bouteilles à liqueur alliant charme et humour. Ces bouteilles si caractéristiques du style de l’époque feront la gloire de la maison et sont encore aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs.
En 1929, dans la même veine que les bouteilles à liqueur, les célèbres pots à tabac voient le jour.
Des objets Art Déco inspirés du cubisme
La maison Robj est surtout connue pour ses nombreuses figurines en céramique en forme de personnages ou d’animaux à l’esthétique Art Déco si caractéristique de l’époque. Ces objets aux formes colorées, souvent anthropomorphes, sont inspirés du cubisme et s’inscrivent dans la mode des craquelés des années 30. Le craquelé est une technique inventée en France pendant l’entre deux guerres. Véritable phénomène de mode, le motif de craquelures irrégulières dans l’émail de la porcelaine devient rapidement une technique de décoration particulièrement en vogue.
Les plus grands artistes au service de Robj
En 1927, Willemetz invente un concours annuel de « bibelots d’art en céramique » pour encourager les artistes les plus talentueux à travailleur au sein de sa maison. Le jury est composé de céramistes et sculpteurs de renom comme Pompon, Landowski et Dufrène, mais aussi de personnalités majeures du monde de la culture de l’époque comme le conservateur du musée Galliera ou l’administrateur du Mobilier national.
Afin d’attirer les jeunes talents, trois prix seront remis accompagnés chacun d’une coquette somme. Le concours est un succès et la maison ROBJ fonde sa réputation.
De nombreux grands artistes de l’époque participeront à la création de modèles pour la maison ROBJ. La créativité quasi sans limite des artistes sera à l’origine d’une multitude de pièces toutes plus originales les unes que les autres.
Charles Lemanceau fait partie des artistes qui ont travaillé pour ROBJ. Il est notamment l’auteur de plus d’une centaine de modèles sur les six cent produits par la maison et connus à ce jour. Grand sculpteur et céramiste de son temps réputé pour son bestiaire en porcelaine et faïence craquelée Art déco, Charles Lemanceau ne travaille pas uniquement pour Robj mais aussi pour d’autres grandes maisons comme Primavéra, la Maitrise, les Nouvelles Galeries, les manufactures Mussier, Sainte-Radegonde et Saint-Clément…
Une entreprise moderne
La maison ROBJ est avant tout une entreprise soucieuse de faire fructifier ses ventes. Sous la direction de Lucien Willemetz, elle adopte des techniques « marketing » éminemment modernes pour l’époque comme l’édition d’un catalogue des nouveautés artistiques en céramique et verrerie d’art. Destiné à promouvoir sa production auprès des revendeurs professionnels notamment, ce catalogue met en valeur des modèles chaque fois plus originaux.
Entreprise précurseur, Robj s’entoure d’ambassadeurs de renom et utilise massivement la publicité. Avec ses slogans accrocheurs comme « Les bibelots signés Robj sont le complément de tout intérieur élégant, en vente dans toutes les maisons d’élégance » ou « Les bibelots Robj sont à nos temps modernes ce qu’étaient au XVIIIe siècle les porcelaines de Saxe ou de Sèvres », la maison séduit les plus fortunés.
Pour la fabrication des objets, Robj s’adresse aux meilleures manufactures de porcelaine du pays comme Sèvres, Villeroy & Boch… Très vite, l’entreprise fonde son propre atelier à Boulogne Billancourt. Les pièces en porcelaine sont alors livrées brutes et mises en couleurs par les décorateurs de la maison avant qu’un tampon spécifique « Robj MB Boulogne » leur soit apposé. Malheureusement, et face à la crise de 1929, l’atelier est contraint de fermer ses portes.
Des objets très recherchés aux enchères
Les bibelots humoristiques et utilitaires en faïence fine ou en verre produits par la maison Robj sont aujourd’hui très recherchés par les collectionneurs.
Représentatifs d’une époque et appréciés, à juste titre, pour leur valeur décorative, ces pièces sont généralement vendues entre 200 et 400€, mais certains modèles peuvent atteindre des sommes bien plus importantes.
Les ventes aux enchères sont aujourd’hui l’unique occasion de dénicher ces exemplaires rares signés Robj.
Les figurines Robj sont, par leur parfaite exécution et leur esthétisme unique teinté d’humour, tellement représentatifs de la période de l’Entre deux guerres en France.
ROBJ doit avant tout son succès à la création de bibelots dits utilitaires aux formes multiples (flacons à liqueur, pots à tabac, bonbonnière) qui allient charme et humour dans le style Art Déco de l’époque. La fabrication de figurines, personnages ou animaux, purement décoratifs tout droit sortis de l’imaginaire des plus grands artistes de l’époque finit d’asseoir la réputation de la firme. De ces personnages en porcelaine, se dégage une atmosphère joyeuse et teintée d’humour qui deviendra la marque de fabrique de la maison et fera sa renommée dans le monde entier.