Lors de sa prochaine vente aux enchères de tableaux du XIXe & XXe siècle, sculptures, tapisseries et tableaux contemporains, Primardeco présentera une oeuvre d’Hamed Nada. Retour sur la vie de ce peintre égyptien, précurseur de la peinture moderne égyptienne.
Qui est Hamed Nada ?
Hamed Nada est l’un des artistes les plus talentueux de sa génération et une figure importante de la peinture moderne égyptienne.
Fils d’un cheikh religieux, il grandit dans le quartier populaire d’al-Khalifa au Caire situé près de la célèbre mosquée Syeda Skina.
Au début des années 40, il rencontre le peintre Hussein Youssef Amin (1904-1984) qui lui enseigne le dessin dans son école. C’est probablement grâce à ce professeur qu’Hamed Nada décide de consacrer sa vie à la peinture. Amin apprend à ses élèves à s’éloigner des compositions académiques au profit d’une peinture plus sentimentale et libre. Son enseignement aura une conséquence sans précédent sur l’histoire de l’art de son pays puisque nombre de ses élèves joueront un rôle déterminant dans la peinture moderne égyptienne.
En 1948, Hamed Nada intègre l’école des Beaux-arts du Caire. Il étudie sous la direction de grands artistes de son temps comme Ahmed Sabry (1889 – 1955) et Youssef Kamel (1891 – 1971) et obtient son diplôme en 1951. Parallèlement à ses études, il travaille en tant qu’illustrateur pour le célèbre écrivain égyptien Taha Hussein.
Le Groupe de l’art contemporain pour une peinture égyptienne entre tradition et modernité
Hamed Nada fait des membres fondateurs du Groupe de l’art contemporain. Successeur du groupe surréaliste Art et Liberté, le souhait de ces artistes est de s’éloigner de l’académisme promu par l’Ecole des Beaux-arts du Caire et des milieux artistiques et culturels égyptiens occidentalisés au profit d’un art égyptien alliant tradition et modernité.
En 1946, le Groupe de l’art contemporain organise sa première grande exposition au lycée français de la capitale. Les 200 oeuvres exposées sont alors le reflet d’une peinture renouant avec les traditions populaires et la culture égyptienne tout en poursuivant sur la voie inédite de la modernité initiée par le groupe surréaliste Art et liberté.
En 1960, Hamed Nada obtient une bourse pour étudier la peinture murale à l’Académie royale des Beaux-arts de San Fernando à Madrid. Puis, il revient au Caire en 1977 où il est nommé chef du département de peinture à l’université de la ville.
Deux temps forts dans la peinture d’Hamed Nada
Au début de sa carrière, Hamed Nada dépeint les conditions de vie difficiles et la misère des classes populaires égyptiennes. Ses oeuvres éminemment politiques s’inscrivent dans une tendance social-réaliste.
A partir des années 1950, un véritable tournant s’opère dans l’art d’Hamed Nada. Sur les traces de ses prédécesseurs et soucieux de revendiquer le patrimoine de son pays, il s’intéresse de plus près aux représentations égyptiennes traditionnelles et réalise des toiles beaucoup plus joyeuses et fantaisistes.
Un univers coloré et fantaisiste
Cette oeuvre est un bel exemple de l’univers pictural d’Hamed Nada profondément marqué par son enfance à al-Khalifa au Caire. Si le quartier est modeste, il n’en est pas pour autant dépourvu de vie : danseurs, magiciens, acrobates, spectacles de marionnettes, musiciens animent les rues de ce quartier éclectique aux mille facettes. Cet univers coloré et animé l’inspire, nourrit son imaginaire.
Des oeuvres symbolistes
Le symbolisme est omniprésent dans les oeuvres d’Hamed Nada. Tous les motifs représentés sont sélectionnés avec la plus grande attention pour leur signification. Ils sont des références à la culture visuelle populaire égyptienne et illustrent souvent une idée ou une théorie bien plus profonde qu’elle n’y parait.
Le chat, la lampe et la chaise, symboles de l’âme humaine, sont par exemple des motifs récurrents dans les oeuvres symbolistes d’Hamed Nada.
ZOOM Hamed NADA. « Danseurs » Technique mixte sur isorel, signée en bas à gauche et datée 1989. Dim. 46.5 x 35 cm.
L’oeuvre présentée par Primardeco est elle aussi très représentative de l’univers coloré, animé et fantaisiste d’Hamed Nada. Les principales caractéristiques de sa peinture sont présents dans cette toile : couleurs très vives, figures humaines élancées, stylisées jusqu’à la déformation, motifs symbolistes.
Inspirée de ces souvenirs d’enfance, cette oeuvre est un magnifique exemple de l’univers pictural d’Hamed Nada et démontre l’attachement viscéral du peintre à la culture égyptienne.
La peinture égyptienne moderne aux enchères
Hamed Nada ne sera pas le seul représentant de la peinture égyptienne moderne lors de cette vente aux enchères. Seif Wanly, présent au travers de trois peintures, ou encore Tahia Halim et son Portrait de Nubienne seront également de la partie.
Depuis quelques années, l’art moderne égyptien ne cesse de prendre de la valeur sur le marché de l’art. Si elle fut un temps éclipsée par l’art antique de l’Egypte ancienne, la modernité égyptienne de la première moitié du XXe siècle grâce à une identité forte et des oeuvres remarquables parvient progressivement à s’imposer.
La cote des artistes égyptiens est élevée et leurs toiles sont principalement recherchées par les grands musées égyptiens comme le Musée d’art moderne égyptien du Caire ou le Musée des beaux-arts d’Alexandrie, mais aussi par de nombreux collectionneurs privés du monde entier.
Les oeuvres d’Hamed Nada, de Seif Wanly, de Tahia Halim et de tant d’autres ont toujours un franc succès sur le marché de l’art. Reconnues pour leurs qualités esthétiques, elles sont aussi le symbole d’un art moderne égyptien en construction. L’oeuvre d’Hamed Nada « Danseurs » a finalement été adjugée 14 375€ !