Adjugée 90 000€ au terme d’une très belle bataille d’enchères, cette somptueuse statuette en marbre d’après la sculpture grecque classique a suscité toutes les convoitises. Retour sur ce succès grâce aux précieux éclairages de Jean Sylvain Caillou, expert, archéologue et enseignant chercheur en histoire de l’art pour la période gréco-romaine.
Un chef d’oeuvre de l’art antique
« La beauté n’a pas de prix » : telle est sans doute l’explication la plus probante de ce résultat. En effet, cet objet, certes de petites dimensions (H. 26,5 cm sans le socle), a su séduire le marché grâce à ses proportions et à sa finesse exceptionnelles. Ce jeune éphèbe en marbre est l’archétype du personnage grec dans sa forme classique.
Si ce type de sculpture est relativement courant en ventes aux enchères, une œuvre d’une telle délicatesse est beaucoup plus rare. Jean Sylvain Caillou a déjà vendu plusieurs exemplaires du même genre, mais celle-ci se démarque par ses qualités plastiques indéniables.
La sculpture : reine des arts antiques
La sculpture est probablement l’aspect le plus connu de l’art antique, grec ou romain. Malheureusement, très peu d’originaux grecs nous sont parvenus et souvent seules les copies romaines permettent de mieux connaître la statuaire classique et hellénistique. En effet, les Romains, en grands admirateurs, se sont largement inspirés des modèles grecs qu’ils ont reproduits et copiés à foison.
Le Musée du Louvre conserve des chefs d’oeuvre de la sculpture grecque comme la célèbre Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace.
La statuaire grecque est marquée par une volonté constante d’exprimer le beau à travers un rendu réaliste dans la représentation du corps humain. Elle se caractérise également par une grande maîtrise de l’anatomie, de la pose et du mouvement. Cette statuette en marbre vendue aux enchères par Primardeco est un bel exemple de ce que la statuaire grecque a pu produire.
L’art du déhanché
L’art du déhanché ou contrapposto apparaît dans la sculpture grecque à la fin du VIème siècle av. J-C. Dans cette position, la ligne du bassin répond de façon inversée à celle des épaules. En effet, une des deux jambes porte le poids du corps tandis que l’autre est fléchie. Cette position singulière crée alors un léger déséquilibre au niveau des hanches : le contrapposto.
La vue de profil de cette statuette permet d’admirer encore un peu plus sa finesse d’exécution grâce notamment au creux dans le dos, au niveau des reins. Jean Sylvain Caillou l’affirme : « nous sommes face à un travail minutieux, d’une très grande qualité ».
Si les manques sont importants, ils sont loin d’être disgracieux et peuvent même être qualifiés d’harmonieux. En effet, les membres étant coupés très ras, la partie centrale du corps est réellement mise en valeur. Malgré ces dégradations, la sculpture garde une unité particulière qui a sans doute séduit les acteurs du marché.
La restauration des objets antiques
Au-delà de mettre en valeur la partie centrale du corps, les manques permettent également d’observer les traces de restaurations anciennes. Ces dernières, essentielles, prouvent l’ancienneté de la statue. En effet, ce type de restauration est fréquent à partir de la Renaissance. Dès cette époque, tout objet antique sorti de terre était entièrement remis à neuf. Cette pratique s’est intensifiée aux siècles suivants jusqu’à ce que l’on réalise progressivement que l’intervention de l’homme efface tout un pan de l’histoire d’un objet. Dès lors, les traces d’anciennes restaurations sont supprimées afin que les pièces antiques retrouvent leur état d’origine.
La statuette n’a pas échappé à ce phénomène. L’étude menée par Jean Sylvain Caillou révèle les restaurations anciennes qui ont été supprimées et dont seuls subsistent les trous d’encastrement des tenons.
Actuellement, en archéologie, les traces et les marques du temps (manques, accidents) sont considérées comme partie intégrante de l’histoire d’une œuvre. Au-delà d’apporter un cachet supplémentaire, elles sont les témoins privilégiés du vécu et des éventuels accidents et dégradations qu’a pu subir un objet au cours du temps.
Une pièce de collection
Provenant d’une collection toulousaine, transmise de génération en génération, la provenance de cet objet est parfaitement claire. Les traces de restaurations anciennes ont également conforté cette provenance.
L’authentification des œuvres d’art antique est toujours délicate et constitue un enjeu majeur dans leur mise en vente. Faire appel à un expert spécialisé dans ce domaine se révèle dès lors indispensable et assure une garantie à l’acquéreur.
De petites dimensions, cet objet est facilement présentable dans un intérieur. Ses indéniables qualités plastiques et décoratives auront sans doute séduit marchands et collectionneurs.
Les arts antiques chez Primardeco
Les récents résultats obtenus par Primardeco témoignent d’un réel intérêt du marché de l’art pour l’archéologie comme En effet, les pièces vendues aux enchères ont très souvent été peu exposées au grand public et sont les témoins privilégiés de notre Histoire. Au-delà de leur beauté, ces vestiges du temps ont une valeur intrinsèque.
Les proportions, la finesse d’exécution et les atouts esthétiques de cette statuette ont su séduire un marché toujours au rendez-vous. Selon Jean Sylvain Caillou, sa beauté transcendante justifie à elle seule ce prix record.
Les antiquités grecques et romaines, vestiges et mémoires d’un passé révolu, recherchées par des musées et/ou des collectionneurs, ont toujours la cote sur le marché de l’art.