Demeter Chiparus, de son vrai nom Dumitru Haralamb Chipăruș (1886-1947) est un sculpteur d’origine roumaine réputé pour ses sculptures de danseuses en bronze et ivoire dites chryséléphantines. Ses figures féminines d’une très grande préciosité, dans le pur esprit Art Déco, ont fait la gloire du sculpteur. Retour sur la vie et la production d’un artiste hors du commun dont les oeuvres sont régulièrement présentées en vente aux enchères.
Petite biographie
Chiparus naît à Dorohoi, en Roumanie, au sein d’une famille aisée. En 1909, il part en Italie et devient l’élève du sculpteur italien Raffaello Romanelli. En 1912, il se rend à Paris et intègre l’Ecole des Beaux-Arts où il suit les enseignements des sculpteurs Antonin Mercié et Jean Boucher. Cette formation, entre la France et l’Italie, lui apportera de solides connaissances techniques et artistiques.
En 1914, il expose pour la première fois au Salon de Paris où il obtient une récompense pour ses statuettes d’enfants en écolier, en clown ou en arlequin. C’est alors que commence son ascension sur la scène artistique française.
Très vite, et fort de son succès, il parvient à nouer un partenariat avec la célèbre fonderie Edmond Etling et Cie pour l’édition de ses oeuvres. Pourtant, et malgré le succès prometteur de ses sculptures, il ne parvient pas à convaincre la critique qui restera sur la réserve.
Dans les années 20, Chiparus est au sommet de son art. La critique, enfin conquise, fait régulièrement l’éloge du sculpteur et des collectionneurs du monde entier s’intéressent à ses oeuvres.
Dans les années 1940, Chiparus s’essaye à la sculpture animalière. A plusieurs reprises, il représentera des animaux dans le style Art déco.
Il décède subitement en 1947.
Les danseuses de Chiparus
Dans le Paris de l’entre deux guerres, l’heure est à la fête. Les cabarets et les music-halls sont bondés. Amateur de cabaret, Chiparus s’empare de cette euphorie et la fait sienne. C’est ainsi que les danseuses et les ballerines deviennent ses sujets de prédilection dans les années 20.
Pour réaliser ces figures longues, élancées et stylisées, si représentative de l’esprit Art Déco ,Chiparus puise son inspiration dans les ballets russe, alors particulièrement en vogue dans la capitale. Reproduits dans les plus grands music-halls et cabarets parisiens (les Folies Bergère, la Cigale, le Moulin Rouge, l’Olympia, l’Alcazar ou l’Alhambra), les ballets russes remportent un franc succès relayé dans la presse. Chiparus utilisent les photographies de danseurs et mannequins russes parues dans les magazines pour réaliser ses visages si caractéristiques.
En 1922, la découverte du tombeau de Toutankhamon est à l’origine d’un véritable regain d’intérêt pour l’art de l’Egypte ancienne et de l’Orient. L’oeuvre de Chiparus s’inscrit dans cette démarche. En effet, il s’inspirera fréquemment des traits de la reine Cléopâtre pour la création de ses figures féminines et n’hésitera pas à revêtir ses danseuses de vêtements aux inspirations égyptiennes.
Inspirée des ballets russes, de l’art de l’Egypte ancienne et du théâtre français, la sculpture élégante et luxueuse de Chiparus est particulièrement représentative de l’esprit Art Déco qui prédomine à cette époque.
Les sculptures chryséléphantines
Véritable icône de la sculpture Art Déco, Chiparus réalise des sculptures chryséléphantines exceptionnelles qui feront sa renommée dans le monde entier.
Fasciné par cette technique ancestrale qui consiste à associer l’or et l’ivoire (du grec chrysós et elephántinos), Chiparus la modernise et parvient à créer son propre style grâce à une association subtile du bronze et de l’ivoire. Ces sculptures chryséléphantines, d’une très grande préciosité, requièrent une technique et un savoir-faire particulier. Tout d’abord, l’artiste réalise un premier croquis avant de fabriquer une sculpture en plastiline, matériau proche de l’argile. Puis le bronze et l’ivoire sont assemblés avant que la sculpture ne soit peinte. Chiparus a pour habitude de sur-élever ses sculptures chryséléphantines sur un socle en marbre ou en onyx.
Parallèlement à cette production d’une très grande richesse, Chiparus réalise des sujets plus modestes en plâtre ou en régule. Plus accessibles, ils connaissent une plus grande diffusion.
Chiparus aux enchères
Au cours de ces dernières années, la cote de Chiparus n’a cessé d’augmenter. Particulièrement recherchées par une clientèle étrangère, ses sculptures chryséléphantines peuvent atteindre des prix importants.
Cependant, il existe de nombreuses éditions posthumes d’après Chiparus dont la valeur est évidemment moindre. De plus, comme beaucoup de ses contemporains, Chiparus ne signait pas systématiquement ses oeuvres. L’authentification des sculptures par un commissaire-priseur se révèle alors indispensable avant de pouvoir les vendre aux enchères. Les ventes aux enchères sont ainsi le meilleur moyen pour les collectionneurs de s’assurer de l’authenticité de l’oeuvre.
La vente des sculptures chryséléphantines de Chiparus est aujourd’hui très réglementée. En effet, la présence d’ivoire implique de respecter la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), plus connue sous le nom de la Convention de Washington. La CITES est un accord international entre Etats réglementant le commerce international de certains spécimens d’animaux et plantes sauvages.
Chiparus est aujourd’hui considéré comme le principal représentant de la sculpture décorative Art Déco en bronze et ivoire dite chryséléphantine. Chef de file de la sculpture chryséléphantine moderne, il fait partie des artistes Art Déco les plus recherchés du marché de l’art.
