Alors que les œuvres d’art antique ne sont pas monnaie courante dans les salles des ventes, retour sur ce beau résultat obtenu pour un faune de l’art gallo romain.
Une tête de faune gallo romaine adjugée 61 250€ !
Cette tête en marbre blanc représente un faune moustachu la bouche entrouverte laissant apparaître sa langue. Les oreilles sont pointues, les iris sont incisés et les pupilles creusées. La chevelure est travaillée au trépan.
Le travail sur la chevelure bouclée, le nez épaté et le rendu permettent de dater cette œuvre de la fin du IIème ou IIIème apr. J-C.
Les enchères se sont envolées et l’œuvre a été adjugée 61 250€ !
Le faune, sujet de prédilection de l’art gallo romain
Les faunes sont des créatures inventées par la mythologie romaine. Fils de Faunus, roi du Latium et descendant de Saturne, les faunes sont habituellement comparés aux satyres grecs. Fidèles compagnons de Bacchus, le dieu du vin, les faunes ont un sens aigu de la fête et aiment boire et danser. Ils sont également connus pour leur talent de musiciens, la flûte étant leur instrument de prédilection.
Mi homme, mi bouc ces créatures lubriques sont couramment représentées dans l’art gallo romain. Ils reflètent ce « paganisme joyeux » si caractéristique de l’époque, c’est-à-dire la possibilité d’illustrer des scènes audacieuses, sous couvert de références mythologiques.
Satyre jouant de la flûte ou Faune à la flûte, Ier-IIe siècle ap. J.-C. Musée du Louvre. ©Rodney, Flickr
Un historique d’une rare clarté pour ce faune gallo romain
Issue d’une collection privée, l’histoire de cette tête a pu être facilement reconstituée. Elle a probablement été découverte lors d’un labour, près de La Bastide-L’Evêque (Aveyron), dans les années 1890 avant d’être présentée par son propriétaire d’alors, M. d’Ardenne de Tizac, dans l’exposition « des Beaux-Arts et Arts rétrospectifs » organisée par la municipalité de Rodez en 1892.
Conservée ensuite dans le château familial de Réquista à La Bastide-l’Evêque, elle fut « redécouverte » et publiée par l’archéologue Gilbert Bou au début des années 1960.
Plusieurs hypothèses ont été émises concernant son identification.
Lors de sa redécouverte au début des années 60, on proposa d’y reconnaître la tête de « Bacchus » en marbre trouvée en 1827 dans le même secteur dont la trace avait été perdue.
Toutefois, d’après la tradition familiale, cette tête ayant été trouvée à la Bastide-L’Evêque, représente Zmaragdus, intendant des mines des fer sous Tibère.
Cette œuvre peut également être rapprochée de la tête de faune en marbre exposée au musée Fenaille de Rodez, en raison de la proximité des lieux de découvertes (environ 60 km), mais aussi par l’importance des moustaches et le traitement des yeux.
Tête de faune gallo romaine en marbre. Musée Fenaille, Rodez.©BaronneSamedi
De la salle des ventes au musée Saint-Raymond à Toulouse
Cette tête, expertisée par Jean-Sylvain Caillou, Docteur en histoire et civilisations de l’Antiquité Archéologue, a été acquise par le musée Saint-Raymond à Toulouse lors de la vente aux enchères.
Elle fait désormais partie des magnifiques collections du célèbre musée d’Achéologie de Toulouse.