Albert Gleizes est un grand artiste et penseur français du XIXème siècle. Né en 1881 à Paris et mort en 1853 à Avignon, il est surtout connu pour ses peintures cubistes et son implication auprès de ce mouvement qu’il promouvra tout au long de sa vie. Jeudi prochain, Primardeco présentera aux enchères Nature morte aux bouteilles (1916), oeuvre cubiste particulièrement représentative de son art.
Albert Gleizes, l’impressionniste
Artiste autodidacte, Albert Gleizes commence à peindre dès 1901. Sur le modèle des peintres impressionnistes qu’il admire comme Sisley ou Pissarro, il peint en plein air les paysages qui l’entourent à Courbevoie.
En 1902, il expose pour la première fois de sa vie à la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il y montrera une oeuvre impressionniste, La Seine à Asnières, parfaite illustration de ses débuts en tant qu’artiste-peintre. Témoin de l’industrialisation grandissante du pays, Gleizes immortalise les machines dans des oeuvres symbolistes et naturalistes.
Rapidement, son admiration pour Paul Cézanne, le pousse vers une peinture plus abstraite davantage axée sur les plans, les volumes, les couleurs et les points de vue.
Albert Gleizes, le peintre cubiste
A l’heure où le cubisme, inventé par Braque et Picasso en 1907, commence à éclore, Albert Gleizes se rallie au groupe cubiste de Puteaux (Metzinger, Léger, Villon, Delaunay,…) et dès 1911, il expose régulièrement ses toiles cubistes dans les salons parisiens.
Auteur avec Jean Metzinger de l’un des traités les plus importants pour l’histoire du cubisme : Du Cubisme (1912), Albert Gleizes est considéré comme l’un des fondateurs du mouvement.
Nature morte aux bouteilles (1916) présentée par Primardeco aux enchères est une oeuvre exceptionnelle à plusieurs titres. Tout d’abord, cette toile a pendant longtemps été gardée par l’artiste avant qu’il ne la vende (en 1948) au collectionneur de Lunel Jules Vaché, grand-père des actuels propriétaires. Pourtant, cette oeuvre est loin d’être inconnue. Exposée à de très nombreuses reprises dans le monde entier, cette nature morte complexe se révèle particulièrement intéressante. Enfin, datée de 1916, elle est un maillon important, encore en main privée, de l’évolution du cubisme de Gleizes. Alors qu’il faisait partie du groupe de Puteaux, à partir de 1915, et peut-être sous l’influence de Delaunay et Kupka, il fait des explorations non-figuratives avec des rythmes circulaires dynamiques. Cette toile, présentée aux enchères prochainement, témoigne de ces expérimentations, mais révèle également tout le vocabulaire du cubisme synthétique.
A partir de 1930, Albert Gleizes se rallie au groupe « Abastraction- Création » dont l’objectif est de créer un art rationnel de pure abstraction. Il y rejoint des artistes comme Delaunay et Léger avec qui il collaborera pour la création de peintures murales cubistes pour l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne de 1937 à Paris.
Albert Gleizes, le penseur
Albert Gleizes est également connu pour la richesse de ses écrits théoriques.
Parallèlement au dessin et à la peinture, l’artiste écrit de nombreux ouvrages sur l’art. Grand passionné, Gleizes tâchera toute sa vie d’apporter son regard sur l’histoire de l’art.
Durant les années 20-30, il se consacre presque exclusivement à l’écriture et publie des ouvrages majeurs comme Du cubisme et des moyens de le comprendre (1920), La Peinture et ses lois (Paris, 1923) ou bien Vers une conscience plastique: La Forme et l’histoire (Paris, 1932).
Renommé de son vivant pour ses idées, il effectuera de nombreux voyages, en France, mais aussi en Pologne ou en Allemagne, pour donner des conférences et exposer ses théories sur l’art.
Albert Gleizes, l’utopique
Profondément utopique, Albert Gleizes se lancera dans de nombreuses aventures utopiques de l’époque. Dès 1906, il s’associe au projet de Charles Vildrac et George Duhamel et co-fonde l’Abbaye de Créteil (ou Groupe de l’Abbaye). Ecrivains, artistes, musiciens, mais aussi intellectuels forment une communauté artistique et littéraire pour échapper à la « commercialisation de l’esprit et de la création artistique ». Malheureusement, et faute de rentabilité, l’aventure s’arrête dès 1907.
En 1927, Albert Gleizes et sa femme créent Moly-Sabata. Située dans le petit village de Sablons, près de Lyon, Moly-Sabata est une commune utopique d’artistes. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il fonde une autre commune pour les artistes et étudiants : Les Méjades (près de St Rémy-de-Provence).
Grande figure artistique et intellectuelle de son temps, Albert Gleizes aura marqué l’histoire du cubisme tant par ses toiles que par ses écrits. Renommé en Europe dès son vivant, il n’est découvert aux Etats-Unis qu’une dizaine d’années après sa mort à la faveur d’une rétrospective sur son oeuvre organisée par le musée Guggenheim de New-York. Célèbre dans le monde entier, ses peintures se vendent aux enchères plusieurs milliers d’euros.
